Faim et malnutrition dans le monde : un scandale qui ne cesse de s’aggraver

             Au moment où le monde approche à grand pas de l’année 2030, année fixée par la communauté internationale pour l’achèvement des 17 Objectifs du Développement Durable de l’ONU, l’un de ces tout premiers objectifs – éradiquer la faim dans le monde – paraît désormais hors de portée. La lutte contre la malnutrition a nettement reculé depuis quinze ans.

           Tel est l’un des principaux enseignements de l’étude que viennent de publier conjointement cinq agences du système de l’ONU*. Au total, 773 millions d’êtres humains souffrent aujourd’hui de malnutrition, soit 122 millions de personnes supplémentaires par rapport à l’année 2019. Cette situation met en grave danger les plus fragiles d’entre eux, à savoir les enfants. Bon nombre n’y survivront pas.

           Si, en valeur absolue,  le nombre de personnes mal nourries ou en proie à la famine est le plus élevé en Asie, le continent le plus touché en proportion de la population est l’Afrique, en particulier l’Afrique subsaharienne, où la situation ne cesse de se détériorer, notamment en raison des conflits armés qui y sévissent. Sur le continent africain, jusqu’à 20% de la population est touchée par la famine, soit plus du double de la moyenne mondiale. La situation s’est aussi aggravée en Asie du Sud et dans la zone caraïbe, mais s’est légèrement améliorée en Amérique latine.

          Le rapport s’interroge sur les responsabilités collectives d’une telle situation. Il met en cause non seulement la persistance et l’aggravation des conflits armés mais aussi le sous-financement chronique de l’agriculture dans le monde, la lenteur des transformations des systèmes agroalimentaires et la faiblesse des luttes contre les inégalités.

       L’Association Française pour les Nations Unies (AFNU) se joint au cri d’alarme de ce rapport, dont elle soutient les conclusions. Elle souligne l’urgence d’une réaction de la communauté internationale. Elle en appelle à la responsabilité de tous les États membres de l’ONU pour une prise en compte systématique de cette problématique dans les politiques de développement. La France et l’Europe doivent se porter résolument et sans délai à la tête de ce combat. Il en va de l’avenir de la planète, mais aussi de notre dignité. L’AFNU se félicite, enfin, que la France accueille à Paris, les 27 et 28 mars 2025, la prochaine édition du Sommet ‘Nutrition for Growth‘ (« Nutrition pour la Croissance »), visant à mobiliser la communauté internationale, notamment les acteurs privés et la société civile, en faveur de la nutrition et afin d’atteindre les objectifs de développement durable fixés par l’Agenda 2030 des Nations Unies. Au cours des prochains mois, l’AFNU et ses partenaires universitaires entendent organiser auparavant un colloque sur ces questions.

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 * « Rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde», FAO, Programme alimentaire mondial, UNICEF, OMS, FIDA (juillet 2024): https://www.fao.org/publications/home/fao-flagship-publications/the-state-of-food-security-and-nutrition-in-the-world/fr