HISTORIQUE

A l’origine de l’Association française pour la Société des Nations (AFSDN), ancêtre de l’actuelle Association française pour les Nations Unies (AFNU), créée le 10 novembre 1918, se trouve Léon Bourgeois, son premier Président, Sénateur, douze fois Ministre et Président du Conseil sous la IIIème République. Il est possible de retrouver le discours de Léon BOURGEOIS lors de l’Assemblée Générale Constitutive de l’AFSDN le 10 novembre 1918 ici.

Léon Bourgeois, docteur en droit, sénateur, douze fois ministre et président du Conseil sous la IIIème République, à partir de fin 1895, est l’auteur d’une œuvre politique, juridique autant que philosophique considérable. Dans le domaine politique, ses contemporains lui doivent, entre autres, la création des dispensaires d’hygiène sociale et de préservation anti tuberculeux, la mise en place du repos hebdomadaire, des assurances du travail, du salaire de la femme mariée, etc. Dans le même temps, Léon Bourgeois a été l’auteur d’une œuvre philosophique et humanitaire prônant le « Solidarisme » qui faisait de la solidarité la base de la société. Il exposa cette doctrine dans une nouvelle revue portant le titre de La Solidarité qui marqua aussi sa vision de la vie internationale. C’est par son rôle en faveur de la paix que Léon Bourgeois acquiert son plus grand prestige. Son idéal fut de faire du Droit le régulateur et le diapason des Nations, avec pour objectif la paix perpétuelle.

En créant l’Association Française pour la Société des Nations le 10 novembre 1918, Léon Bourgeois a souhaité poser les bases de la future Société des Nations, dont il sera le premier Président en 1919. Président tout à la fois de l’ancêtre de notre Association et de la Société des Nations elle-même, il a permis l’avènement d’idées pionnières en matière internationale, allant du contrôle des armements à la création d’un tribunal entre les Nations, future Cour Internationale de Justice. Son ouvrage L’œuvre de la Société des Nations (1920-1923) présente la vision d’avant-garde du droit international, de la paix et de la philosophie des Nations qu’il embrassait. Tandis qu’il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1920 pour l’ensemble de son travail et de ses convictions, il passe le flambeau de la présidence de l’Association au grand universitaire Paul APPEL, également membre fondateur, auquel succèdera Emile BOREL.

Avant la Seconde Guerre Mondiale, l’Association s’est particulièrement engagée en outre pour l’amélioration du sort des prisonniers politiques. Elle créa de nombreux groupes en Province, développa le nombre de ses sections locales, se dota d’un véritable groupement universitaire, tradition avec laquelle renoue l’actuel Collège académique de l’AFNU, organisa des séjours internationaux de vacances et prît l’initiative de riches manifestations en faveur de la Paix, tout en fondant une revue, Pour la Société des Nations, autant qu’en publiant un périodique, La Paix par le Droit, et un bulletin, Les Peuples Unis.

L’Association, rapidement forte de plus de 3000 adhérents, s’est ainsi proposée, dès sa fondation, ainsi qu’il ressort de son actuel Bulletin régulier :

1°) de sensibiliser l’opinion publique française aux objectifs de la Société des Nations, de faire connaître l’organisation, son mode de fonctionnement, les activités de ses agences spécialisées, de ses commissions, d’informer sur ses réalisations et divulguer son action ;

2°) d’étudier, dans le détail, les problèmes juridiques, économiques et sociaux que posent, dans les relations de la France et des autres Etats, l’intervention de cet instrument multilatéral majeur qui tient une place particulière dans les relations internationales contemporaines ;

3°) de collaborer avec les Associations qui, à l’étranger, ont en vue le même objet, en aidant par ailleurs le Gouvernement à résoudre les difficultés de tout ordre que la réalisation d’une telle idée pouvait rencontrer.

Après l’échec de la Société des Nations, les drames de la Seconde Guerre Mondiale au cours desquels nombre de ses membres parmi les plus engagés ont trouvé la mort, et la fondation de l’ONU, avec l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies le 24 octobre 1945, l’Association devient Association Française pour les Nations Unies (AFNU).

De 1946 à 1970, elle sera présidée par Joseph PAUL-BONCOUR, député, ministre, ancien représentant de la France à la SDN en 1936 et délégué à la Conférence de San Francisco où il signa la Charte des Nations Unies. Celui-ci eut une influence particulièrement remarquable pour le rayonnement international de l’AFNU en recevant alors Mme ROOSEVELT et en jouant un rôle d’intermédiaire fort entre l’administration et la société civile pour la sensibiliser aux idéaux onusiens. L’ancien Secrétaire Général Adjoint de l’ONU et représentant permanent de la France au Conseil de sécurité de 1956 à 1959, Guillaume GEORGES-PICOT, lui succéda à la Présidence de l’AFNU à partir de 1970, suivi en cela des Présidents ou Vice-Présidents René-Jean DUPUY, Mario BETTATI, tous deux professeurs de droit, le diplomate, résistant, écrivain et homme politique Stéphane HESSEL ou encore André LEWIN, ambassadeur et ancien porte-parole du Secrétaire Général des Nations Unies Kurt Waldheim.

Plusieurs Présidents, Vice-Présidents ou Secrétaires Généraux de l’AFSDN et ensuite de l’AFNU se sont ainsi illustrés à divers titres dans la vie politique et culturelle de la Nation. Il s’agit par exemple de Paul APPELL, Alexandre MILLERAND, Paul PAINLEVE, RAIBERTI, Stéphane DERVILLE, Albert THOMAS, Ferdinand BUISSON, Marcel PREVOST, Léon VIALA, Emile BOREL, René CASSIN, Jean KREHER, Paul LE GAL, Emile PIERRET-GERARD, le R.P. Michel RIQUET ou encore, plus récemment, de Stéphane HESSEL et de Claude de KEMOULARIA.

L’Association est reconnue d’utilité publique depuis un décret du 30 janvier 1922. Ses moyens d’action, hérités d’une histoire longue de près d’un siècle, continuent à se diversifier. Elle assure la publication d’une revue de presse hebdomadaire, et met à la disposition des adhérents comme du public toute l’information spécialisée publiée par l’Organisation des Nations Unies. Enfin, elle organise des conférences, colloques et forums sur des questions d’actualité. Travaillant pour une ONU plus forte et plus efficace grâce à l’engagement de ses membres qui partagent une perspective mondiale et soutiennent le multilatéralisme et la coopération internationale, l’AFNU est membre de la Fédération mondiale des associations pour les Nations Unies (WFUNA) qui a son siège à l’ONU à New York.