Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse – 17 juin 2021

Compte rendu établi par l’AFNU

 

Le 17 juin 2021 s’est tenue la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse visant à sensibiliser le public aux causes et aux conséquences du phénomène de désertification ainsi qu’aux efforts menés par la communauté internationale pour lutter contre ce fléau. Cette Journée a été organisée dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), en coopération avec le ministère de l’environnement (MINAE) du Costa Rica, pays hôte de la célébration mondiale. Cette année, la Journée Mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse a donc réuni en ligne de nombreux acteurs de haut niveau, gouvernementaux, des ONGs et de la société civile pour échanger et proposer des idées sur le thème « Restauration, terres, reprises » dans le but de favoriser la transformation des terres dégradées en terres saines et lutter efficacement contre la désertification. De nombreuses interventions ont eu lieu  dans le monde entier alliant art, sciences et politiques publiques pour transmettre le message de la UNCCD au plus large public possible.

 

Alors que la désertification, définie comme « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines« , s’accélère dans de nombreuses régions du monde mettant ainsi en péril les écosystèmes et les vies humaines, la UNCCD est la moins connue des trois conventions de Rio sur l’environnement regroupant la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC) et la Convention sur la diversité biologique (CDB). Cette Journée mondiale avait donc aussi pour vocation et ambition de mettre en avant les enjeux  de la lutte contre la désertification et de proposer des solutions pour remédier à ce phénomène.

La Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse s’est  ouverte par un message du Secrétaire exécutif de la UNCCD, M. Ibrahim Thiaw, qui a souligné à maintes reprises que, bien que moins connus, les enjeux de la lutte contre la désertification sont aussi importants que ceux du réchauffement climatique et de la préservation de la biodiversité.  Il a notamment rappelé que près des trois quarts des terres libres de glace de la planète ont été altérées par l’homme pour répondre à une demande sans cesse croissante de nourriture, de matières premières, d’autoroutes et de logements. Par ailleurs, plus de trois milliards de personnes seraient aujourd’hui affectées par la dégradation des terres et environ 500 millions de personnes vivent déjà dans des zones en cours de désertification. Au-delà des conséquences désastreuses pour l’environnement et la biodiversité, la désertification aura donc des conséquences migratoires certaines favorisant ainsi le risque de conflit et limitant le développement économique et social de nombreuses régions. 

Néanmoins, M. Ibrahim Thiaw ainsi que M. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies, qui s’est exprimé après lui, ont insisté sur le fait que des solutions existent pour intervertir cette tendance, réhabiliter les terres dégradées et protéger les terres saines dans le but d’atteindre les Objectifs de Développement Durable, notamment l’Objectif 15 « La vie sur Terre ». La restauration des écosystèmes terrestres endommagés permet notamment d’atténuer le changement climatique en recréant des « puits de carbone », de préserver la biodiversité et de renforcer les défenses de la nature contre les catastrophes naturelles tels que les incendies de forêt, les sécheresses, les inondations et les tempêtes de sable. La restauration des paysages naturels permet aussi de réduire aussi les contacts étroits entre la faune et les établissements humains, limitant ainsi l’apparition de nouvelles zoonoses telles que la Covid19. Enfin, les initiatives de restaurations des terres sont par ailleurs un moyen efficace de création d’emplois pour les jeunes et les femmes particulièrement affectés lors des crises climatiques. 

Alors que nous entrons dans la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes et que cette Journée mondiale avait lieu en amont de la COP15 sur la UNCCD (programmée entre Mai et Octobre 2022) ainsi que de la COP15 Biodiversité prévue à Kunming en Chine du 11 au 24 octobre 2021 et de la COP26 sur le Changement Climatique (programmée à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021), il existe une véritable opportunité de se relever de la pandémie de COVID-19 de manière plus responsable et durable en se basant sur la restauration des terres (#BuildBackBetter #RestorationLandRecovery).

À la suite de l’intervention de M. Thiaw et M. Guterres, la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse a été l’opportunité de mettre en avant de nombreuses initiatives engagées pour la conservation et la restauration des écosystèmes terrestres. De nombreux artistes se sont produits mêlant musique et dance (en particulier un atelier musical par les ambassadeurs de la terre avec l’artiste hip-hop Konshens et le programme pour enfants Land Heroes #Kids4Land) et de nombreux films (notamment It’s All About Land et Kiss The Ground) ont été diffusés relayant des histoires de restauration et de relance durable en Inde, au Canada, en Indonésie, au Kenya et au Costa Rica. Parmi ces initiatives figuraient notamment l’agroforesterie, la permaculture mais aussi des projets de reforestation et régénération des terres à l’instar de la Grande Muraille Verte au Sahel. Un dialogue avec le World Wildlife Fund sur la relance économique verte et son impact sur les écosystèmes et le système alimentaire mondial ainsi qu’un Panel sur les femmes et la relance économique basée sur la terre a aussi été l’occasion de rappeler que les possibilités en matière de restauration des terres au niveau mondial pourraient entraîner des retombées économiques allant jusqu’à 1,4 milliards de dollars US par an, représentant ainsi une opportunité économique incontournable qui doit être soutenu par les finances mondiales.

Enfin, trois évènements ont particulièrement marqué cette Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.

 

  • Cérémonie de remise du prix Land for Life 2021

    Tous les deux ans, l’UNCCD organise le prix « Land for Life ». Ce prix récompense l’excellence et l’innovation dans les efforts déployés en faveur de l’équilibre des terres. Les éditions précédentes ont mis en lumière des initiatives inspirantes de récupération et de restauration de paysages dégradés dans le monde entier. Elles ont toutes contribué de manière significative à la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 15 « La vie sur terre », en particulier la cible 15.3 neutralité de la dégradation des terres (LDN).

Cette année, sous le thème « Terre saine, vie saine », le prix 2021 a été décerné à M. Syam Sunder Jyani pour son projet de conservation  » Familial Forestry  » au Rajahstan, en Inde. Shyam Sunder Jyani, professeur associé de sociologie à Bikaner, a planté plus de 2,5 millions d’arbres au Rajahstan en l’espace de 15 ans.

Lancement du premier rapport spécial d’évaluation mondial sur la sécheresse 2021 (GAR SRD2021)par le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR) et l’UNCCD :

Le Rapport spécial du GAR sur la sécheresse 2021 explore la nature systémique de la sécheresse et ses impacts sur la réalisation du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, les ODD et la santé et le bien-être des humains et des écosystèmes.

  • Le Forum de haut niveau organisé par le Président du Costa Rica, Carlos Alvarado Quesada :  

Ce forum, animé par Christiana Figueres, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, visait à inciter les dirigeants mondiaux à redoubler d’efforts pour financer la restauration  d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030, conformément aux engagements pris. Il représentait une étape importante du calendrier environnemental mondial avant le COP15 sur la désertification mais aussi avant la CDB. Lors du Forum, les autorités du Costa Rica ont présenté les politiques gouvernementales et actions mises en place depuis des décennies pour protéger la nature, et la manière dont celles-ci ont permis au Costa Rica de devenir le premier pays tropical à interrompre et à faire reculer la déforestation et la dégradation des forêts. Aujourd’hui, les forêts couvrent plus de 54% du Costa Rica et répondent aux besoins quotidiens de milliers de personnes. Plus de 26 %du territoire national est protégé par la loi, et le pays met déjà en œuvre des projets, des politiques gouvernementales et des actions spécifiques pour la restauration des terres. 

Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, le Président de l’Assemblée générale, Volkan Bozkır, le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw ainsi que des ministres de pays dans le monde entier et des représentants de la société civile sont tous également intervenus pour rappeler l’urgence des mesures à prendre pour lutter contre la désertification.

***

La Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse 2021 aura été l’occasion de prendre la pleine mesure de l’envergure du défi que représente la désertification dans le combat contre le changement climatique et la protection de l’environnement. Cela a également été l’opportunité de sensibiliser le public sur cette thématique malheureusement encore trop méconnue à l’échelle mondiale. Bien que des actions et des initiatives aient déjà commencé à voir le jour et à prendre racines, elles restent marginalisées. Au contraire, si nous souhaitons inverser la tendance de dégradation des terres et restaurer les écosystèmes terrestres, il est nécessaire de les démocratiser pour qu’elles deviennent le modèle à suivre dans la relance économique mondiale après la pandémie de Covid19.

Retrouvez ici toute la Journée mondiale.