One Planet Summit : un sommet inédit pour la protection de la biodiversité et la transition vers un monde durable

Le 11 janvier 2021, à l’invitation de l’Association Française pour les Nations Unies (AFNU), les étudiants de plusieurs associations Model UN partenaires de l’AFNU (Sim’ONU – KEDGE Business School Marseille, Sim’ONU – Kedge Business School Bordeaux, Lyon MUN, Jeunes IHEDN, AlpesMUN – Sciences Po Grenoble, Carrières Internationales – ISIT Paris, POL MUN ESTP – Paris, Forum International – Sciences Po Toulouse, ESPOMUN – Université catholique de Lille, Theatrum Mundi – HEIP Paris, Sciences Po Nations Unies – Sciences Po Paris, Isegoria/Audencia Business School – Nantes, MUN ICP – Institut Catholique de Paris, ClerMUN – Clermont Ferrand) ont assisté en ligne à la 4ème édition du One Planet Summit dédiée aux enjeux de protection de la biodiversité. Ce Sommet, qui a rassemblé des chefs d’État et de gouvernements, ainsi que des leaders d’organisations internationales, d’institutions financières, du secteur économique et d’ONG, s’est tenu au Palais de l’Élysée à l’initiative du Président de la République Emmanuel Macron dans le but d’accélérer l’action internationale en faveur de la nature et de prendre des engagements concrets pour lutter contre la perte de la biodiversité.

L’AFNU est heureuse de vous présenter une synthèse de ce Sommet rédigée à partir des participations, notes et comptes-rendus de:

  • Lina ALLAOUA (Sim’ONU – Kedge Business School Marseille)
  • Victoire BEAULIEU (Sim’ONU – Kedge Business School Bordeaux)
  • Marie-Sophie BOUTE, Manon PACCARD (Lyon MUN)
  • Lisa BLANC (Déléguée Régionale Bretagne, Jeunes IHEDN)
  • Océane CEBOLLADA (AlpesMUN – Sciences Po Grenoble)
  • Emma HISEL (Carrières Internationales – ISIT Paris)
  • Nihad LABLACK, Lylia MOUFID, Valentine SCHMITT (POL MUN ESTP – Paris)
  • Noémie LAVERROU (Forum International – Sciences Po Toulouse)
  • Jade LEMOINE, Jeanne BELLOCQ, Eline PROU, Elise AMARY (ESPOMUN – Université catholique de Lille)
  • Matthias LIZZUL-JURSE (Theatrum Mundi – HEIP Paris)
  • Marianne MAUREL (Sciences Po Nations Unies – Sciences Po Paris)
  • Nathan de MONTESSON (Isegoria/Audencia Business School – Nantes)
  • Paul TOULEMONDE (MUN ICP – Institut Catholique de Paris)
  • Mélissa VONG (ClerMUN – Clermont Ferrand)​

Dès son discours d’ouverture, le Président de République Emmanuel Macron a rappelé la nécessité d’un renouvellement profond et rapide de notre modèle de développement, soulignant les nombreuses opportunités socio-économiques inhérentes aux initiatives écologiques et environnementales. Les atteintes aux écosystèmes connaissent un niveau sans précédent et inverser la tendance constitue un enjeu majeur pour les décennies à venir, qui plus est en raison de la pandémie actuelle de Covid-19. Les ambitions climatiques de la France et des participants à ce Sommet sont celles inscrites à l’agenda de l’ONU et il est urgent de s’y tenir tant elles sont prioritaires : lutte contre le changement climatique, lutte contre les grandes famines et lutte pour la stabilisation de l’environnement. Avec l’ONU, le One Planet Summit veut lancer des actions concrètes de politiques publiques pour aller plus loin que les COP jusqu’alors existantes.

Le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, a souligné que 2021 devait être l’année de la réconciliation entre l’Homme et la Nature car nous dépensons aujourd’hui autant que deux planètes et les catastrophes naturelles sont une conséquence directe de cette consommation : hausse des températures, ouragans, Covid-19. Pour la première fois au XXIème siècle, les inégalités augmentent. Même si les innovations dans les transports et les énergies apportent une possibilité de relance durable, aucun des objectifs de l’Agenda 2030 n’a été atteint et il est nécessaire que le prochain sommet en Chine soit l’origine d’une véritable coalition mondiale pour le financement écologique et la neutralité carbone d’ici 2050. Pour cela il serait opportun de mettre un prix sur le carbone, d’arrêter de soutenir les énergies polluantes (centrales à charbon, etc.) et de se concentrer sur les Pays en Développement qui ne reçoivent qu’une part infime des financements durables alors qu’ils sont des acteurs clés de la transition écologique.

Le Président de la Banque Mondiale, David Malpass, a pleinement renouvelé de son côté la bonne volonté de la Banque Mondiale et souligné l’importance d’aligner les projets de développement et ceux de diversité écologique. C’est pourquoi la Banque Mondiale s’est engagée à ce que 35% des financements aient des éco-bénéfices d’ici 15 ans, l’objectif étant d’atteindre les 50% dès que possible. Il a souligné que ces engagements sont déjà en partie visibles puisqu’il existe un million d’hectares maritimes protégés, deux millions d’hectares terrestres protégés et, par exemple, 6000 hectares de mangroves plantés en Inde qui protègent cinq millions de personnes.

Cela étant, la pandémie de Covid-19 a montré le lien entre la santé humaine et la santé de la planète, de telle sorte qu’il est urgent que les communautés, les pays et les entreprises travaillent ensemble pour une reprise verte qui sera impossible sans coopération.

Cet événement fut ainsi l’occasion pour plus de trente décideurs mondiaux d’échanger et de présenter leurs pistes d’actions afin de préserver les écosystèmes ainsi qu’amorcer les changements dans notre économie de façon durable. La discussion lors du Sommet s’est concentrée autour de quatre priorités et thèmes d’actions concrètes :

  1. Protéger 30% des espaces maritimes et terrestres
  2. Développer l’agroécologie pour concilier protection de l’environnement, sécurité alimentaire et réduction des inégalités
  3. Modéliser des financements publiques et privés
  4. Protéger les forêts tropicales, les espèces animales et la santé humaine qui sont toutes liées comme l’a montré la prise de conscience suite aux feux de l’Amazonie en 2020.

1. Protéger les espaces maritimes et terrestres

Les discussions sur ce premier thème ont mis l’accent sur l’urgence de protection des aires maritimes et de conservation des espèces qui y vivent. Alors que le rapport 2019 de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) fait état du danger d’extinction d’un million d’espèces, la protection de zones favorisant l’évolution de la biodiversité est un enjeu majeur pour l’avenir et la survie de notre écosystème. Pour répondre à cette problématique, la Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples, coprésidée par la France et le Costa Rica, défend un objectif de protection d’au moins 30% des espaces naturels d’ici 2030. Cette coalition a pour but de créer les conditions permettant l’adoption de résolutions concrètes de protection de la nature par la Convention de la diversité biologique en fin d’année. Aujourd’hui, elle rassemble déjà plus d’une cinquantaine d’États.

À l’échelle européenne, une coalition destinée à re-mobiliser les gouvernements pour faire de la Méditerranée une mer exemplaire en 2030 a vu le jour. Cette alliance, à l’initiative de la France, de l’Espagne et de la principauté de Monaco, construit son champ d’actions autour de quatre engagements, à savoir le développement d’un réseau d’aires protégées ; la fin de la surpêche ; la lutte contre la pollution marine et l’engagement pour un transport maritime vert. Cette initiative vise à mobiliser les secteurs d’activités publics et privés pour la préservation du bassin méditerranéen.

2. L’agroécologie

Le One Planet Summit fut, d’autre part, l’occasion d’aborder la question de la transformation de nos modèles de production afin de maximiser le développement économique et de protéger nos terres. La Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a annoncé la création d’un Pacte vert européen destiné à la coordination d’actions à l’échelle européenne visant à rendre l’Union européenne climatiquement neutre en 2050. Ce plan se concrétisera notamment par la plantation de millions d’arbres rendant possible une nouvelle pollinisation et permettant de minimiser les risques de déforestation.

En parallèle, la mise en place du programme « Accélérateur de la Grande muraille verte (GGW Accelerator) » a pour but de verdir le Sahara et le Sahel. Cette initiative africaine lancée dans les années 80 promeut la diffusion des pratiques agro-écologiques pour lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique. Les différents partenaires de l’initiative ont déjà réussi à mobiliser plus de 14 milliards de dollars de financements internationaux.

La France, quant à elle, s’est engagée à soutenir la plantation de 7000 km de haies agricoles d’ici 2022 et à lutter pour la réduction des gaz à effet de serre. Cette initiative confirme la volonté de la France d’opérer une réelle transition agro-écologique de l’agriculture française dans le cadre du plan de relance.​

3. La mobilisation des financements publics et privés sur la biodiversité et le climat

Le One Planet Summit fut, également, l’occasion de souligner la nécessité d’une coalition pour la mobilisation des financements des initiatives en faveur de la biodiversité et de l’action climatique. Les chefs d’États et dirigeants internationaux présents – parmi lesquels le Canada, le Royaume-Uni, la France ou encore la Norvège – se sont engagés à accroitre leurs financements en faveur du climat. En outre, le Prince de Galles a annoncé la création de l’Alliance pour l’investissement dans le Capital Naturel ainsi que le lancement de la charte Terra Carta, visant à placer la durabilité au centre de la sphère économique privée. Cette alliance souhaite mobiliser 10 milliards de dollars d’investissement pour la nature d’ici 2022. 

Un groupe de travail créé pour réfléchir aux risques de la perte de la biodiversité pour les institutions financières, la Task Force for Nature-Related Financial Disclosures (TNFD), a également était présenté lors de ce Sommet. Soutenue notamment par les gouvernements français et britannique, cette Task Force est une initiative portée par des acteurs publics et privés. Elle vise à élaborer des recommandations liées au climat avec pour objectif de promouvoir des investissements financiers plus éclairés ainsi que des modèles économiques durables. 

4. La protection des forêts tropicales, des espèces et de la santé humaine

Enfin, bien sûr, la perte de la biodiversité, les trafics d’animaux et le danger de pandémie sont des risques intimement liés, exigeant une mobilisation inédite à l’échelle internationale. L’initiative Preventing Zoonotic Diseases Emergence (PreZode), lancée par la France, vise à prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies. Elle a pour but de renforcer les coopérations internationales déjà existantes et de soutenir l’intégration et le renforcement des réseaux de santé humaine, animale et environnementale. Aujourd’hui, elle mobilise déjà plus d’un millier de chercheurs, initiée par trois instituts de recherche français – INRAE, le Cirad et l’IRD – en concertation avec une dizaine d’autres organisations de recherche, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Le One Planet Summit fut de surcroît l’occasion pour la République Démocratique du Congo et l’Allemagne d’annoncer leur adhésion à l’Alliance pour la préservation des Forêts, mobilisée dans la lutte contre la déforestation et dans la préservation de la biodiversité. 

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Cette réunion inédite des décideurs du monde entier pour accélérer l’action internationale en faveur de la biodiversité marque le début d’une année cruciale pour l’action climatique et environnementale. Le One Planet Summit a déclenché une dynamique de mobilisation politique qui rassemblera de nombreux événements, tels que la COP15 à Kunming en mai prochain, le Congrès mondial de la Nature à Marseille en septembre 2021 et la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques en novembre. Les discussions opérées lors de ce rassemblement ont démontré la possibilité d’agir pour la préservation de la planète et la mobilisation des acteurs internationaux pour repenser notre rapport à la nature. Vous pouvez également revoir ci-dessous en vidéo la conclusion du Forum d’investissement de la Grande muraille verte visant à canaliser les financements privés et permettre la réalisation de la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel d’ici 2030: