Sauver l’UNRWA pour épargner les populations civiles

      Le 28 octobre 2024, le Parlement israélien a adopté deux lois permettant de mettre un terme, dans les 90 jours, aux activités de l’UNRWA, l’organisme des Nations Unies chargé depuis 1949 de venir en aide à la population civile palestinienne. Si elle est appliquée, cette décision portera une atteinte sans précédent aux droits des populations de Jérusalem-Est, de Cisjordanie et de Gaza, de surcroît au moment où elles sont le plus durement touchées par le conflit en cours.

      L’Association française pour les Nations unies (AFNU) exprime sa plus profonde inquiétude face à cette initiative qui menace les intérêts vitaux de la population civile palestinienne.

    L’UNRWA avait fait l’objet d’accusations selon lesquelles des membres de son personnel se seraient montrés complices, ou même auraient participé, aux atrocités commises le 7 octobre 2023. Un audit international confié à une structure indépendante placée sous l’autorité de Mme Catherine Colonna, ancienne ministre française des Affaires étrangères, a conclu à l’implication possible de 9 employés de cette agence, qui ont été immédiatement licenciés ; une sanction qui ne saurait pourtant entacher l’ensemble des activités de l’organisation, qui compte 30 000 salariés et rend des services indispensables à la population. La très grande majorité de ses donateurs n’ont pas jugé qu’un tel manquement remettait en cause leur participation financière et l’ont maintenue. Au terme de l’enquête qu’elle a dirigée, Mme Colonna a estimé que l’UNRWA était « irremplaçable et indispensable ».

       L’application des lois votées par le parlement israélien reviendrait à interdire à très brève échéance la fourniture de l’aide humanitaire des Nations Unies à l’ensemble des civils palestiniens. En particulier la scolarisation de 660 000 enfants à Gaza et de 46 000 enfants en Cisjordanie et à Jérusalem-Est serait rendue impossible, de même que la fourniture d’eau potable, de matériels sanitaires et de l’aide nutritionnelle indispensables à la survie de cette population.

    Dans un courrier adressé le 28 octobre au président de l’Assemblée générale de l’ONU, M. Philippe Lazzarini,  commissaire général de l’UNRWA, estime que la décision du Parlement israélien risque de provoquer l’effondrement total des activités de l’UNRWA, dont 237 employés ont trouvé la mort depuis le début de l’offensive israélienne.

       L’AFNU rappelle que l’UNRWA a été créée par une décision de l’Assemblée générale de l’ONU quelques mois après la création de l’Etat d’Israël en 1948 ; elle considère que seule l’Assemblée générale de l’ONU a le pouvoir d’en modifier le mandat ou de l’interrompre.
 
      Dans un communiqué publié le 28 octobre, M. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies a appelé l’Etat d’Israël à « agir en conformité avec ses obligations relevant de la Charte de l’ONU » et du droit international humanitaire, ainsi que celles « ayant trait aux privilèges et immunités des Nations Unies ». « Les lois nationales, a-t-il ajouté, ne peuvent altérer ces obligations ».  Le Secrétaire général a annoncé son intention de porter cette question devant l’Assemblée générale de l’ONU.

       L’AFNU ne peut que souligner cette position et rappeler que la Charte des Nations unies et le droit humanitaire international imposent à tous les Etats membres de veiller aux droits des populations civiles menacées d’être privées des éléments indispensables à leur survie.