SGNU cessez le feu
UNICEF/Christopher Morris
Masha Khromchenko se tient debout dans une salle de classe de maternelle qui a été directement touchée par un obus dans la région de Louhansk, en Ukraine. (archive : 23 septembre 2018)
Le « pire est à venir ». Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), António Guterres, a lancé un appel pour un « cessez-le-feu immédiat et mondial » le 23 mars dernier. Il s’est félicité, ce vendredi matin depuis New York, que des belligérants aient commencé à exprimer leur soutien à son appel. Il a demandé à ce que les mots de « paix », de « paix internationale », de « diplomatie » et de « cessez-le-feu » puissent, désormais, se traduire en actes sur le terrain.
Depuis une dizaine de jours, en effet, l’appel du Secrétaire général de l’ONU, soutenu par plus d’un million de signatures au-travers d’une pétition en ligne créée par l’ONG Avaaz, n’a pas empêché aux conflits armés de prospérer. Au Cameroun, en Centrafrique, en Colombie, en Libye, au Myanmar, aux Philippines, au Soudan du Sud, au Soudan, en Syrie, en Ukraine et au Yemen, les autorités, parties en conflit et forces belligérantes ont entendu cet appel et, pour certaines, se sont dites prêtes à cesser les hostilités alors que frappent à leurs portes, sinon déjà dans leurs capitales, les désastres de la pandémie Covid-19.
L’urgence d’un cessez-le-feu mondial immédiat est plus que jamais de mise. Plus de 70 Etats membres de l’ONU, dont la France bien sûr, avaient dès la semaine dernière immédiatement approuvé et largement soutenu l’appel du Secrétaire général, ainsi que nombre de partenaires, d’acteurs non étatiques, ONG et société civile, Messagers de la paix des Nations Unies, Défenseurs des objectifs de développement durable et chefs religieux, dont, bien sûr, le pape François.
Confidentiellement, plusieurs Représentants spéciaux et Envoyés spéciaux d’António Guterres, ainsi que Coordonnateurs résidents, sont à l’heure actuelle en contact avec différentes forces armées pour obtenir le cessez-le-feu immédiat demandé et concentrer leurs efforts sur la lutte contre le Covid-19.
Le monde entier affronte en effet cette pandémie sans précédent et les efforts fournis pour l’endiguer ne doivent être tributaires d’intérêts nationaux prioritaires. L’actualité peut proposer un autre regard sur cette situation. Les efforts diplomatiques qui sont déployés, à l’exemple du récent et brillant appel la semaine dernière du Président de la République française, Emmanuel Macron, lors du sommet spécial en vidéoconférence des dirigeants du Groupes des 20 (G20), afin de créer une aide spécifique pour l’Afrique dans la lutte contre la pandémie Covid-19, le sont avec un courage considérable tandis qu’il est trop facile et lâche, au contraire, de persévérer dans des conflits. De même, la vie de milliers de personnes innocentes en jeu, en pleine flambée d’épidémie, en dehors de l’Afrique (Yemen, Syrie, Libye et Afghanistan) doit être protégée, en rendant possible l’accès humanitaire et en négociant, comme cela commence semble-t-il à être le cas en Afghanistan avec les Taliban, pour un réel cessez-le-feu à venir.
Le temps est venu, au milieu de la tempête que représente le coronavirus, de solliciter auprès des autorités la construction plus efficace de ponts pour éviter une catastrophe mondiale: alliance pour le multilatéralisme, multilatéralisme ouvert, soft diplomatie, initiatives internationales pour la paix et urgence de protection de la santé. Il appartient à l’ensemble de la famille des Nations Unies, agences, fonds, programmes, mais aussi aux Etats membres et aux organisations humanitaires de redoubler d’efforts afin d’apporter un soutien massif aux plus vulnérables.
La France est instigatrice de la diplomatie de la paix autant qu’elle en est à la pointe. L’activité remarquable et considérable de sa diplomatie officielle en est un signe éloquent, ainsi que l’ensemble de son personnel investi au sein des organisations internationales, au Secrétariat des Nations Unies, dans les Représentations ou Délégations permanentes ainsi qu’en poste aux quatre coins du monde. Le Forum de Paris pour la Paix en est aussi une illustration aussi concrète qu’indispensable et nombre d’initiatives régulières en matière de protection des droits de l’Homme.
En soulignant la valeur cardinale du cessez-le-feu immédiat, tout en rappelant l’urgence de la crise sanitaire actuelle, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), António Guterres, a fait encore bien plus que d’encourager ou d’inciter les Etats et les autorités de chaque pays concerné à faire taire les armes et protéger les plus vulnérables: il a réouvert la voix à l’idée d’une nécessité des Nations Unies dans un monde en crise. La France doit aujourd’hui, et encore plus, redoubler d’efforts pour suivre cette voix et inciter par tous moyens les Etats membres à la paix.
Jérémy Mercier, Secrétaire général adjoint et Trésorier de l’Association française pour les Nations Unies (AFNU)