Forum Jeunesse Océan:
synthèse des contributions étudiantes et recommandations pour l’UNOC3
25 avril 2025

À la suite du colloque Océan du 29 novembre 2024
qui s’est déroulé Maison de l’Océan (Institut océanographique), 195 rue Saint-Jacques, 75005 Paris
Introduction
Le 29 novembre 2024, l’Association Française pour les Nations Unies (AFNU) a organisé – avec les soutiens du Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, de l’Institut océanographique, Fondation Albert 1er, Prince de Monaco et du UN Sciences Policy Business Forum du Programme des Nations Unies pour l’Environnement – le colloque « L’Océan : l’espace critique pour le climat, la biodiversité et l’alimentation mondiale, à l’agenda 2025 des Nations Unies ». Près de 300 invités en présentiel Maison de l’Océan et d’un millier d’internautes ont pu suivre trois tables rondes dédiées aux enjeux majeurs de l’Océan. Vous pouvez retrouver le programme en cliquant sur ce lien et la vidéo de cet événement en cliquant ici. À l’approche de la Troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3) qui se déroulera à Nice en juin 2025, ce colloque a permis de confirmer l’intérêt croissant pour la préservation de l’Océan et de rappeler la nécessité pressante d’une action coordonnée et efficace au niveau du multilatéralisme.
Pilier essentiel du développement durable dans ses trois composantes – économique, sociale et environnementale, l’Océan occupe une place essentielle sur notre planète. Les océans couvrent 70% de la surface terrestre. Ils abritent à ce titre une biodiversité marine riche – quelques 250 000 espèces connues – qui assure la santé de la planète. Véritables poumons bleus, ils fournissent en outre la moitié de l’oxygène que nous respirons tout en absorbant près de 30% des émissions de dioxyde de carbone rejetées. Pourtant, les océans subissent une pression croissante de la part des activités humaines : pollution, surexploitation, acidification des eaux. Ces incidences négatives fragilisent grandement leurs écosystèmes et leur capacité à fournir les services dont nous avons besoin pour survivre et prospérer. Dès lors, leur préservation est indispensable pour les générations actuelles et futures. Protéger les océans est une condition nécessaire à la résilience de nos sociétés et à la durabilité de nos modèles de développement.
Dans cette perspective, et dans la continuité du colloque de l’AFNU, plusieurs associations étudiantes pour les Nations unies ont apporté leur contribution précieuse par un travail de recherche en amont. Ainsi, lors du colloque, la qualité des échanges s’est trouvée renforcée par les recherches qu’ils avaient effectuées ainsi que les recommendations formulées par la suite. Le présent rapport synthétise leurs conclusions, en préparation du Forum Jeunesse Océan qui se déroule ce 25 avril 2025.
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I. Préservation des écosystèmes : vers la gestion durable de nos ressources
Face à l’intensification des pressions humaines sur les milieux marins et aux conséquences du réchauffement climatique, la préservation des océans apparaît comme un enjeu vital. Au fondement de l’équilibre des écosystèmes, elle entraîne également des répercussions sur la sécurité alimentaire mondiale, de plus en plus dépendante des ressources halieutiques. En effet, depuis les années 1960, sous l’effet combiné d’une augmentation démographiques et de l’exploitation des ressources, la production mondiale de produits aquatiques a été multipliée par cinq. Pourtant, cette croissance entraîne des effets destructeurs sur les océans et mettent en péril leur capacité de résilience. Les rapports étudiants font état de plusieurs enjeux.
En premier lieu, l’interdépendance entre sécurité alimentaire et préservation des océans est un défi de taille, tant la population mondiale est amenée à subir des chocs alimentaires à mesure que la pression sur les ressources augmente. Ce lien avec la santé des océans impose une action urgente. Pour préserver les ressources, les rapports pointent d’une part le besoin de se tourner vers la pêche durable et de la promouvoir auprès du grand public – par exemple par des systèmes d’étiquetage des produits issus de sources durables. D’autre part, ils mettent en avant la nécessité de lutter contre la pêche illégale – représentant près de 20% des captures mondiales – par le renforcement des systèmes de surveillance et de traçabilité.
En second lieu, la biodiversité marine est également menacée par des sources de pollution multiples. Le mercure, dont la concentration dans les océans a triplé du fait des activités humaines, s’accumule dans la chaine alimentaire et représente à la fois un danger pour la santé humaine et pour la santé marine. Les rapports rappellent la nécessité de renforcer les connaissances scientifiques afin de mieux comprendre son cycle biogéochimique et orienter les politiques publiques en conséquence. La pollution plastique, de son côté, appelle à de plus amples recherches scientifiques pour proposer de nouvelles innovations, comme les matériaux biodégradables, pour limiter la propagation du plastique dans les océans.
Enfin, les aires marines protégées (AMP) apparaissent comme le rempart le plus efficace pour assurer la préservation des écosystèmes. Ces AMP permettent de définir un volume d’eau sur lesquels les instances gouvernantes s’accordent et définissent des objectifs de protection et régénération des écosystèmes. Si l’objectif initial visait 30% des océans couverts à l’horizon 2030, en 2020 seulement 5% des océans étaient concernés. Il est donc urgent de favoriser une mobilisation en la faveur du développement de ces aires tout en définissant des normes internationales garantissant leur efficacité.
Recommendations pour une meilleure préservation des océans et ses écosystèmes marins1. Mettre fin à la surexploitation des ressources halieutiques, par la promotion d’une pêche durable et une lutte renforcée contre la pêche illégale.
2. Renforcer la recherche scientifique pour lutter efficacement contre la pollution marine, notamment au mercure et au plastique.
3. Étendre et intensifier le développement des aires maritimes protégées, afin d’atteindre l’objectif de 30% d’ici 2030 tout en garantissant leur efficacité. |
II. Vers une économie bleue durable
L’économie mondiale repose largement sur les océans, qui permettent le bon fonctionnement d’activités comme le commerce maritime, la pêche ou encore le tourisme. Constituant à la fois une opportunité et une menace pour les océans, l’économie est un enjeu de taille. Les rapports étudiants insistent sur l’impératif d’une transition durable pour garantir la compatibilité entre l’activité économique et la préservation des ressources. Une transformation profonde des modèles de production et de consommation soutenus par des financements appuyés s’imposent pour atteindre cet objectif.
Tout d’abord, le transport maritime, pilier du commerce mondial représentant 90% des flux de marchandises, est responsable à lui seul d’environ 3% des émissions globales de gaz à effet de serre. Sa transition vers un modèle plus durable et sobre est essentielle. Les propositions étudiantes formulent plusieurs points d’intérêt : optimisation des flottes existantes, mise en place d’innovation de rupture pour les prochains bateaux ou encore le déploiement de zones d’exclusions dans les parcours pour réduire les dangers de collision avec la faune marine. L’accent est mis sur le fait que cette transition doit se faire à court, moyen et long terme pour en garantir l’efficacité.
Par ailleurs, les modèles de consommation et de production doivent être repensés. Les rapports insistent notamment sur le fait que le modèle économique actuel n’est pas durable, et risque de compromettre la capacité des océans à supporter ces activités. Privilégier des circuits courts et les produits locaux permettra à long terme d’éviter une surproduction et surconsommation des ressources halieutiques. Une attention particulière est portée à la valorisation du patrimoine immatériel des civilisations littorales, construites autour d’une harmonie avec les océans, et les habitudes de pêche durable en résultant. Le soutien économique aux petits pêcheurs locaux est vital, afin de dépasser une logique purement marchande et d’envisager les océans comme un bien public mondial nécessitant une protection partagée.
Enfin, le financement de cette transition reste un levier déterminant. La mise en place de fonds dédiés à la transition écologique des océans et le rôle clé des conférences telles que l’UNOC 3 sont au cœur des propositions. Ces initiatives doivent s’accompagner d’un soutien approfondi et des transferts de technologies aux pays les plus vulnérables afin de garantir un développement des initiatives effectif à l’échelle globale.
Recommendations pour une transition vers une économie bleue durable 1. Accélérer la transition du transport maritime, afin de le rendre plus durable et respectueux des écosystèmes grâce à l’innovation et l’optimisation des flottes existantes.
2. Encourager les modèles de production et de consommation durable, en se tournant vers des alternatives locales en harmonie avec les océans.
3. Déployer des financements ciblés et équitables, incluant la création de fonds pour la transition bleue et de réelles volontés politiques. |
III. Renforcer la gouvernance des océans : droit, multilatéralisme et diplomatie
La gouvernance internationale des océans reste fragmentée, inégalement appliquée, et souvent inadaptée face à l’urgence écologique. Les rapports mettent en avant l’absence de volonté politique pour mettre en place des mécanismes contraignants, seule solution qui impacterait positivement les océans. En outre, la gouvernance des océans se voit complexifiée par la nécessité de renforcer son cadre normatif international tout en intégrant la diversité des acteurs concernés, publics comme privés, afin de garantir une approche exhaustive et efficace de la gouvernance des océans.
Le droit de la mer s’est progressivement structuré à partir de la mise en place de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer en 1982, mais est fragilisé par de nombreuses lacunes. Les engagements non contraignants, leur mise en œuvre partielle ainsi que la difficulté à signer de nouveaux accords approfondis limitent leur efficacité. Les étudiants plaident en faveur d’une consolidation juridique ambitieuse par l’adoption et la ratification de traités clés – le traité BBNJ sur la haute mer ou celui en cours de négociations sur la pollution plastique – approfondis d’obligations claires pour les États et d’un caractère contraignant. Dans certains pays, certains éléments naturels sont même dotés d’une personnalité juridique pour sensibiliser à leur importance, un exemple qui pourrait être décliné à l’échelle internationale.
En parallèle du droit, le multilatéralisme apparaît comme la seule solution viable, notamment dans sa capacité à mobiliser une diversité d’acteurs concernés par le sujet. Les rapports insistent sur la nécessité de l’inclusion de la société civile, des entreprises ainsi que des acteurs au plus près des enjeux tels que la communauté scientifiques et les autorités territoriales. La prévention et la sensibilisation sont clés dans l’intégration de ces communautés et favorisent la mobilisation de la jeunesse et les initiatives citoyennes.
Dans ce contexte, forte de la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE), la France dispose d’opportunités et d’atouts économiques majeurs dans le secteur maritime, impliquant des responsabilités et l’occasion d’exercer son influence. Appelée à jouer un rôle moteur, la France pourrait développer une stratégie diplomatique ambitieuse pour faire de la défense des océans une pierre angulaire de sa politique étrangère. Fondée sur la diplomatie verte, la France doit promouvoir des propositions concrètes à l’échelle européenne et favoriser la coopération internationale.
Recommendations pour renforcer la gouvernance des océans 1. Renforcer le cadre juridique international en le rendant plus contraignant, par l’adoption et la ratification de traités par tous les États et la consolidation de leurs obligations.
2. Soutenir un multilatéralisme inclusif, intégrant pleinement la société civile, les entreprises, les autorités locales et promouvoir le rôle des scientifiques.
3. Faire de la France un leader en diplomatie bleue, en mobilisant sa ZEE pour promouvoir des normes ambitieuses et durables à l’échelle internationale. |
Conclusion
Les contributions étudiantes témoignent d’une prise de conscience holistique des enjeux liés à l’Océan : préserver les océans est nécessaire pour assurer un équilibre écologique, économique et de sécurité alimentaire, qui ne peut se faire que par une coopération internationale renforcée et nourrie. Face à l’ampleur des défis, les étudiants ont mis en avant des leviers d’action et des voies à suivre : rendre le droit international contraignant, assurer la transition durable de nos systèmes de production et de consommation tout en favorisant la prévention et la sensibilisation à toutes les échelles de la société. Une approche coordonnée entre décideurs, scientifiques, entreprises et société civile semble aujourd’hui vitale.
Le 25 avril 2025, ces associations étudiantes se réuniront une nouvelle fois pour approfondir leur réflexion et appuyer les recommendations déjà formulées en vue de l’UNOC3 de juin. Nous les remercions pour leur engagement et leurs recherches approfondies.
Associations participantes :
- Assas Model United Nations – Paris Panthéon-Assas (lire le rapport)
- EDHEC Nations Unies – EDHEC (lire le rapport)
- HEC ONU – HEC (lire le rapport)
- ILERI MUN – ILERI, l’école des relations internationales (lire le rapport)
- MUN ICP – Institut Catholique de Paris (lire le rapport)
- MUNWALK – Sciences Po Lille (lire le rapport)
- Sciences Po Nations Unis – Sciences Po Paris (lire le rapport)
- Sorbonne ONU – Sorbonne (lire le rapport)
- Symposium – CentraleSupélec (lire le rapport)

Liste des Recommandations pour l'UNOC3
Liste des Recommandations pour l’UNOC3 :
- Assas Model United Nations – Paris Panthéon-Assas (lire les Recommandations)
- EDHEC Nations Unies – EDHEC (lire les Recommandations)
- HEC ONU – HEC (lire les Recommandations)
- ILERI MUN – ILERI, l’école des relations internationales (lire les Recommandations)
- MUN ICP – Institut Catholique de Paris (lire les Recommandations)
- MUN Sciences Po Bordeaux – Sciences Po Bordeaux (lire les Recommandations)
- MUNWALK – Sciences Po Lille (lire les Recommandations)
- Sciences Po Nations Unis – Sciences Po Paris (lire les Recommandations)
- Sorbonne ONU – Sorbonne (lire les Recommandations)
- Stras’Diplomacy – Sciences Po Strasbourg (lire les Recommandations)
- Symposium – CentraleSupélec (lire les Recommandations)